Le Darkling testant les pouvoirs d'Alina

Grishaverse : Des Corbeaux et des Saint.es

Pour que je me décide à dévorer cinq (5) livres de 500 pages chacun et à revenir sur ce blog des mois plus tard pour en parler, il en fallait beaucoup. Well, Leigh Bardugo et son « Grishaverse » ont réalisé cet exploit.

Le « Grishaverse », c’est quoi ?

Pour faire simple, c’est un univers de fantaisie dans lequel certaines personnes se découvrent des capacités particulières qui leur permettent d’invoquer, manipuler, modifier des éléments naturels ou vivants. On les appelle les Grisha, et sont divisés en trois catégories distinctes. Or, si dans certains pays ces « mages » sont tolérés voire adoubés par le pouvoir en place, d’autres populations leur mènent une guerre, voire une chasse, sans merci. Et tout commence dans Shadow&Bone, le tout premier tome de l’univers Grisha.

Five books: the Shadow&Bones trilogy and the Six of Crows duology

De manière plus technique, cet univers se décline en plusieurs parutions. Une trilogie d’abord: dans Shadow and Bone, Leigh Bardugo pose les bases et le cadre en narrant l’ascension de la jeune Alina au sein de la Cour royale du Royaume de Ravka, menacé par un brouillard rempli de monstres, alors qu’elle se découvre des pouvoirs d’une rareté presque dangereuse. Inspirée de la Russie, l’histoire d’Alina se poursuit dans un second tome, Siege and Storm, et se clôt avec le troisième, Ruin and Rising. Entre les jeux politiques dans lesquels l’héroïne se trouve mêlée, l’ambition sans limite de celui qu’on nomme le Darkling, les amitiés qui ne tiennent qu’à un fil et les légendes à décrypter, il y a de quoi tuer l’ennui, c’est sûr.

Un premier succès qui encourage ensuite Leigh Bardugo à étoffer son univers avec une duologie qui se déroule dans le même monde, mais dans un tout autre cadre. L’action de Six of Crows tourne principalement autour d’une ville nommée Ketterdam – un alter-ego réussi d’Amsterdam dont l’autrice s’inspire ouvertement – et se concentre sur un gang, les Crows (« corneilles » en anglais) mené par le charismatique Kaz Brekker. Engagé pour réaliser le casse impossible d’une lointaine prison afin d’en libérer l’inventeur d’une drogue puissante et terriblement profitable, Kaz et son équipe de jeunes criminels seront vite confrontés à des dangers d’ampleur vertigineuse. Dans le tome suivant, Crooked Kingdom, les affrontements entre gangs dans Ketterdam en dévoilent encore un peu plus sur les enjeux autour de la caste des Grisha et la place de chacun dans cette société aux règles complexes. L’occasion également de relier cette duologie à la trilogie initiale…

…et d’introduire un spin-off ! King of Scars et Rule of Wolves se concentrent sur le personnage de Nikolai rencontré dans Shadow&Bone – un personnage franchement tip top si je peux me permettre – seulement, comme je n’ai pas encore lu ces deux livres, je n’en parlerai pas dans le reste de cet article. (Même s’il va vraiment falloir que rattrape mon retard...)

La trilogie Shadow&Bone :

She used to tell me that hope was tricky like water. Somehow it always found a way in.

Leigh Bardugo

Franchement ? Je ne pensais pas guérir une panne de lecture de manière aussi efficace. J’ai commandé la trilogie sur internet au milieu d’une nuit blanche, sur un coup de tête bien yolo-esque, en pensant que cela m’occuperait pour les mois à venir. Aubaine ou arnaque, je ne sais pas, mais j’ai tout dévoré en moins d’une semaine !

L’écriture est simple sans être bête, l’histoire parait légère mais finit par se corser et même surprendre, et les personnages que l’on pourrait penser clichés au début gagnent rapidement en complexité. En gros, j’ai commencé le premier tome seule et déprimée dans mon appartement, je l’ai terminé avec des paillettes dans les yeux et l’impression d’être revenue d’un grand voyage initiatique, politique, et même religieux. D’un coup, c’est comme si mon cerveau avait retrouvé sa faculté à imaginer, explorer, tout en oubliant les soucis du quotidien et l’incertitude de toute cette période étrange que nous traversons. Et c’est ce sentiment nouveau de confiance en ce qui est « possible » qui m’a finalement redonné le goût non seulement de la lecture, mais aussi de l’ailleurs, de la découverte, de ce qui est « autre ».

Sur un second coup de tête yolo-esque encouragé par la peur de revenir à un état végétatif dépourvu de sens, j’ai commandé Six of Crows.

The Darkling et Alina, personnages centraux de Shadow&Bone – par joaocalafate

La duologie Six of Crows :

We can endure all kinds of pain. It’s Shame that eats men whole.

Leigh Bardugo

Que dire de ces deux tomes… à part qu’ils m’ont littéralement (bon pas /littéralement/, mais vous voyez où je veux en venir) broyé le coeur ? Dans le bon sens ? Il est difficile pour moi de ne pas m’emporter dès qu’il est question de Six of Crows et surtout Crooked Kingdom, mais disons que moi qui voulait de l’ailleurs, de la découverte, eh bien j’ai été servie.

Je pense que la plus grande surprise de cette duologie repose dans la diversité et le développement de ses personnages principaux. Tous issus de minorités et considérés « outcasts » par la société, c’est pourtant de là qu’ils tirent toute leur force.

Kaz, le premier. Voleur et calculateur de génie, il est physiquement porteur de handicap, obligé de s’aider d’une canne pour se déplacer. Psychologiquement marqué par un traumatisme d’enfance, son Haptophobie l’oblige à constamment porter des gants pour ne jamais être au contact direct des autres. Dans son ombre, il y a toujours Inej, surnomée « le Spectre » dans Ketterdam ; acrobate d’origine Sulli et experte du lancer de couteaux, elle a été sauvée de l’esclavage sexuel d’une maison close locale spécialisée en femmes « exotiques ». Son autre acolyte, Jasper, est un tireur d’élite à la peau sombre et aux yeux gris, empêtré dans son addiction aux jeux de cartes. Ils sont rejoints par Nina, la grisha, et Matthias, l’ex drüskell (soldat chargé de chasser les grishas…), dont les relations conflictuelles questionnent sans cesse le rapport entre l’honneur, les croyances et les sentiments. Et enfin Wylan, le fils de grande famille pourtant renié par son père, qui le juge bien trop bête et donc inutile…

Je ne sais pas par quelle magie Bardugo m’a fait me sentir si connectée à ces personnages – peut-être le fait que chaque chapitre est dédié à l’un d’entre eux ce qui nous permet de suivre à travers leurs yeux et leurs expériences, la préparation et le déroulement des événements. Ou bien la richesse des rebondissements et des leçons qui découlent des solutions que les personnages trouvent, qui nous laissent à penser que rien n’est jamais complètement perdu d’avance. « When you can’t beat the odds, change the game » peut-on lire sur la couverture, après tout.

Wylan, Jasper, Inej, Nina, Matthias et Kaz, la team de choc de Six of Crows – par Monolimeart

en gros:

Si j’avais déjà beaucoup apprécié la trilogie S&B, ce sont vraiment les aventures de Kaz et sa bande qui ont fini de me faire complètement adhérer à l’univers Grisha. L’intrigue est incroyable et s’imbrique parfaitement dans la continuité de la précédente, les personnages sont d’une profondeur folle, et bon sang, on rit autant qu’on pleure. Et on pleure beaucoup – surtout à la fin, où j’ai du fermer à plusieurs reprises mon livre pour me moucher et regarder dans le vide quelques temps, histoire de me remettre de mes émotions un minimum. En tout cas, même si je recommanderais de commencer avec Shadow&Bone, on peut tout à fait entrer dans l’univers Grisha via Six of Crows. On perd quelques éléments de l’intrigue, mais rien de bien dérangeant !

Je n’ose pas détailler réellement l’histoire de ces cinq livres, comme vous pouvez le remarquer. Il y a, en fait, tellement à découvrir et à imaginer qu’il me parait presque indécent de vous en donner même quelques miettes supplémentaires. Tout ce que je peux vous dire, c’est que les livres valent vraiment le détour, d’autant plus qu’une adaptation par Netflix de ces deux récits est programmée pour le mois d’avril (2021) ! Et plutôt que de dédier une saison à chaque intrigue, l’équipe de production s’est donné la lourde tâche de mêler celles de Shadow&Bone et Six of Crows directement.

Alors voilà, lisez des livres, ceux-là d’abord si vous voulez vivre de superbes aventures ou combattre les pannes de lecture, et prenez soin de vous. N’hésitez pas à m’en parler ici ou sur Twitter directement, et on se retrouve bientôt (j’espère, ha) !

Des bisous.

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